💡 Semaine de 4 jours et Code du travail : réglementation, risques juridiques et mise en place pour les employeurs
La semaine de 4 jours séduit de plus en plus d’entreprises françaises, attirées par l’idée d’améliorer la productivité tout en renforçant le bien-être des salariés. Mais sur le plan juridique, cette réorganisation du temps de travail soulève de nombreuses questions :
- Est-elle légalement encadrée en droit français ?
- Comment adapter les contrats de travail et éviter des litiges ?
- Quelles sont les obligations de l’employeur en matière de durée du travail et de rémunération ?
Décryptage des articles du Code du travail applicables et des risques juridiques pour les employeurs.
La semaine de 4 jours en France : que dit la loi ?
Contrairement à certaines idées reçues, la loi ne prévoit pas de cadre spécifique pour la semaine de 4 jours. Elle repose sur des mécanismes existants du Code du travail, notamment :
🔹 Réduction du temps de travail à 32h/semaine
➡ Article L.3121-27 du code du travail : la durée légale du travail est de 35 heures par semaine.
➡ Un passage à 32h/semaine constitue une réduction du temps de travail, nécessitant un accord collectif ou l’accord du salarié.
➡ Une modification de la durée du travail est un changement des conditions de travail qui doit être accepté par le salarié.
🔹 Maintien des 35h sur 4 jours (journées allongées)
➡ Article L.3121-18 du code du travail : la durée quotidienne du travail ne peut excéder 10 heures, sauf dérogation prévue par accord collectif (12h max selon l’article L.3121-19).
➡ Article L.3131-1 du code du travail : le salarié doit bénéficier d’au moins 11 heures de repos consécutives entre deux journées de travail.
✅ Conclusion :
- Sans accord collectif, l’entreprise peut organiser 35h sur 4 jours si les journées ne dépassent pas 10 heures.
- Avec un accord collectif, des journées de 12 heures sont possibles.
Attention ! La mise en place de la semaine de 4 jours ne doit pas entraîner une baisse de rémunération, sauf si le salarié accepte une réduction de son temps de travail.
🔹 Autres hypothèses
- La semaine de 4 jours alternée avec des semaines à 5 jours, ou 4,5 jours. Une modalité qui permet de répondre à certains enjeux contemporains, comme la parentalité, tout en ne redimensionnant pas complètement l’organisation du travail.
- La semaine de 4 jours modulée relevant de différentes formes d’annualisation ou de modulation du temps de travail.
- La semaine de 4 jours à la carte, adaptée en fonction des services et/ou des personnes, et faisant cohabiter plusieurs formes d’organisation au sein de l’entreprise, voire du service (dispositifs d’aménagement de fin de carrière par exemple)
Comment mettre en place la semaine de 4 jours sans risques juridiques ?
✅ Vérifier les accords collectifs en vigueur
Avant toute modification, l’entreprise doit vérifier les conventions collectives applicables car certaines prévoient déjà des règles spécifiques sur l’aménagement du temps de travail.
✅Négocier un accord collectif (fortement recommandé)
Un accord d’entreprise (article L.3121-41) permet d’organiser une modulation du temps de travail sur plusieurs semaines, l’année et dans certaines conditions jusqu’à 3 ans.
Points clés à inclure dans l’accord :
- Répartition des heures sur 4 jours (L.3121-41).
- Modalités de suivi du temps de travail (L.3171-2).
- Impact sur les heures supplémentaires (L.3121-28).
- Droit à la déconnexion et prévention des risques psycho-sociaux (L.4121-1).
✅ Modifier les contrats de travail (si accord individuel)
Si la semaine de 4 jours repose sur un accord individuel, un avenant au contrat est obligatoire précisant :
- La nouvelle répartition du temps de travail.
- L’impact sur la rémunération (si passage à temps partiel).
- Les modalités de retour à une semaine classique si nécessaire.
Quels sont les risques pour l’employeur ?
La semaine de 4 jours présente des avantages, mais aussi des risques juridiques à ne pas sous-estimer.
Requalification en heures supplémentaires
➡ Toute heure travaillée au-delà de 35h/semaine est une heure supplémentaire.
➡ Si la semaine de 4 jours conduit à des heures au-delà de 35h sans majoration, le salarié peut réclamer un rappel de salaire.
Atteinte au droit au repos et à la santé des salariés
➡ Obligation de protéger la santé physique et mentale des salariés.
➡ Obligation de 11h de repos quotidien et 35h de repos hebdomadaire.
Si un salarié développe un burn-out ou un trouble musculo-squelettique, il pourrait invoquer un manquement à l’obligation de sécurité de l’employeur.
Inégalité de traitement entre les salariés
➡ Article L.1132-1 : interdit toute discrimination
➡ Si certains salariés ne peuvent pas passer à 4 jours (ex : équipes en 3×8, service client…), cela peut créer un risque de conflit.
La semaine de 4 jours : une solution d’avenir ?
De nombreuses entreprises testent la semaine de 4 jours, avec des résultats variables.
Quelques entreprises pionnières en France :
- LDLC (e-commerce) → Passage à 32h avec maintien du salaire.
- Welcome to the Jungle → Expérimentation réussie sur plusieurs mois.
- Yprema (BTP & recyclage) → Réduction du stress et gains de productivité.
Ce qu’il faut retenir :
✅ Un accord collectif est fortement recommandé.
✅ Les contrats de travail doivent être adaptés (avenant obligatoire).
✅ L’employeur doit anticiper les risques légaux et organisationnels.
Besoin d’aide dans la mise en place de la semaine de 4 jours ?
Un accompagnement par un avocat est vivement recommandé dans la mise en place d’un dispositif d’aménagement du temps de travail.
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